Sport et maux de dos : le mythe de la natation

23 Sep 2022 Julie Pasquali - Ostéopathe Sport

Si vous êtes sujet aux maux de dos et que vous pratiquez la course à pied, vous avez sûrement entendu plus d’une fois la phrase « arrêtez de courir et mettez-vous à la natation ! ». Face au succès de cette réplique, j’ai décidé de m’appuyer sur de récentes études afin dresser le bilan de son exactitude et éclaircir le vrai du faux concernant le mal de dos et la natation.

Attention, l’objectif de cet article est de vous faire prendre conscience qu’il ne faut pas faire que nager, pas de vous faire arrêter de nager. 

La natation n’est pas le meilleur sport pour le dos !

Nous présumions que sans les contraintes répétées lors de la course à pied, la natation n’augmentait pas les risque de se tasser en faisant du sport. Il se trouve que ces contraintes ne sont pas systématiquement délétères, mais qu’elles permettraient même à notre organisme de se renforcer. En effet les disques intervertébraux par exemple sont stimulés et consolidés par les impacts de la course à pied.  De plus, d’autres contraintes telles que les oscillations sont occasionnées par la natation. Elles sont différentes de celles rencontrées lors de la pratique de la course à pied mais agissent également sur les disques et les vertèbres. 

Rappel anatomique concernant les disques intervertébraux 

 

Comme vous pouvez le voir sur cette image, la colonne vertébrale est constituée de vertèbres lombaires, thoraciques et cervicales. Les disques intervertébraux sont situés entre chaque vertèbre et ont un rôle de coussinet amortisseur. 

On parle de pathologie du disque, ou discopathie, lorsqu’ un disque est usé. Dans le cas où le disque provoque une hernie, on appelle ça une hernie discale

Comparaison du dos des nageurs aux autres sportifs

La comparaison entre la présence de discopathies dégénératives chez les sportifs selon leur sport, ainsi que chez les non-sportifs, a été faite par le docteur Hangai en 2009. Il a pu constater que : 

  • 25,6% des coureurs ont une discopathie
  • 31,4% des personnes nonsportives
  • Chez les footballeurs : 36,2%
  • Chez les basketteurs : 42,9%
  • Chez les nageurs : 57,5%
  • Chez les joueurs de baseball : 59,7%

D’autres études comme celle des australiens en 2014 avec des coureurs nous montre que, contrairement à ce que nous avons pensé à tort depuis des années, les différents chocs abîmaient les disques. Au contraire elles affirment que les disques et les vertèbres seraient consolidés par la course à pied. 

Comparaison entre le dos des nageurs occasionnels et le dos des nageurs élites

Le Dr.Kaneoka a comparé grâce à des IRM les disques intervertébraux chez des nageurs élites et des nageurs occasionnels en 2007. 

  • 68% des nageurs élites présentaient des discopathies
  • 29% dans le groupe des nageurs occasionnels

 

La même étude reproduite en 2016 par Steffen Folkvardsen n’a étonnamment constaté aucune différence entre le nageur occasionnel et le nageur élite.

Ces résultats expliquent la différence de préparation physique des nageurs entre 2007 et 2016. Au lieu de ne comprendre que du bassin, différents sports tels que le renforcement musculaire et la course à pied…

La discopathie et les différents types de nage

Les aprioris sur les différents types de nage ont encore une fois été renversés par de récentes études. Il a longtemps été pensé à tort que, hors la pratique de la brasse, la natation était bénéfique pour le dos. 

Dans son étude réalisée en 2007, le Dr.Kaneoka a observé la présence de discopathies chez les nageurs élites selon leur spécialité de nage. Voilà ce qu’il démontre :

  • 83% des nageurs élites présentant une discopathie font du CRAWL
  • 67% pratiquent la BRASSE
  • 62% font du DOS CRAWLE
  • 60% pratiquent le PAPILLON

Les déformations du dos et la natation

Fabiana Zaina a comparé les déformations du dos chez les adolescents. Un premier groupe était composé 112 adolescents pratiquant la natation en compétition, un deuxième de 217 adolescents non-nageurs. 

Grâce à cette étude réalisée en 2015, elle a constaté que les troubles statiques, sagittaux et frontaux étaient plus fréquent dans le groupe de jeunes nageurs en compétition. 

Le matériel de natation n’est pas innocent !

Les différents équipements de natation tels que le pull-buoy, les plaquettes, ou même les palmes, sont à utiliser avec précautions et uniquement quand la condition physique le permet. 

  • Le pullbuoy : il accentue la lordose lombaire et augmente les contraintes sur cette dernière
  • Les plaquettes : leur utilisation peut faire dégâts au niveau des épaules, notamment en cas de faiblesse des muscles fixateurs de l’omoplate ou des rotateurs externes. 

Conclusion

L’objectif de cet article n’est pas de vous convaincre d’arrêter la natation, bien au contraire, mais de vous encourager à intégrer d’autres activités en compléments à votre pratique quotidienne : course à pied, renforcement musculaire… 

LES CONSEILS DE VOTRE OSTEO

Mobilisez vos articulations et échauffez-vous à chaque début de séance

Etirez vous quelques heures après la séance (pas à chaud !) 

Ne négligez pas le renforcement musculaire 

  • 1 à 3 séances musculation par semaine selon votre niveau
  • 1 ou 2 séances hebdomadaires de Préparation Physique Générale (en fonction du niveau)

Evitez d’utiliser du matériel comme le pull-buoy, les palmes ou les plaquettes, si vous n’avez pas encore acquis une bonne technique et/ou que votre condition ne vous le permet pas.

Julie Pasquali
Ostéopathe à Versailles
Cabinet du siècle

Julie pasquali osteopathe versailles cabinet du siècle

Articles similaires

Derniers articles

Cruralgie et ostéopathie

Bilan de condition physique - GMC

Handicap et ostéopathie

Catégories